[RP] Sur les bords du Rhône.

Aldraien a écrit: Au coucher du soleil, sur une colline non-loin du Rhône, là où tout les souvenirs renaissent.

Elle aimait à se retrouver là, la jeune femme qui voyait les années passer et ses amis, ses proches, s'éloigner petit à petit, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Ces deux jours passés en compagnie d'Appolline avaient réussi à remonter un peu son moral, c'est qu'elle était douée la petite pour lui rendre le sourire. Elle commençait même à comprendre de quoi Nad parlait dans sa lettre, la dernière lettre qu'elle avait reçu de sa marraine.

Maintenant son fils la suivait partout, elle avait compris qu'elle devait passer le maximum de temps avec ses enfants, que chaque minute était faite pour vivre et créer des souvenirs avec des êtres chers, car c'est cela qui restait une fois que l'on partait rejoindre les étoiles.
D'ailleurs elle était allongée sous les étoiles ce soir là. Sur la colline, juste devant le Rhône, elle était allongée, son fils endormi contre elle, contemplant les astres qui semblaient si proches d'elle et pourtant si loin.

Ce soir, Appolline continuera son voyage et Ald restera à Vienne, seule. Antlia était partie loin, Ald n'avait aucune idée de quand elle reviendrait, Indy allait partir chez les nônes un temps, son mari était à Montélimar, toujours, son mentor était elle ne savait où, entrain de soigner les blessures infligées lachement et sa future filleule maintenant, qui allait partir en voyage. Au final, elle restait là, avec son fils, à regarder les étoiles, un des endroits où elle savait qu'au moins une personne la regardait.
Et que dirait-elle si elle la voyait aujourd'hui ? "Remue toi"...Oui, elle dirait surement ça, Ald le sentait venir de loin et elle en sourit doucement.

Et si elle savait qu'après son départ, sa décision avait été de protéger les êtres qui leur étaient chers à toutes les deux, que rien ne leur arrive...alors qu'elle n'avait même pas été capable de l'empécher elle de partir vers son dernier voyage. Elle s'en voulait mais ne disait rien, elle savait ce qu'on lui dirait "Ce n'est pas de ta faute, c'est la vie voilà tout", oui c'est cela qu'on lui dirait. Elle n'avait pas la même conception de la vie que les autres, il n'y avait rien de plus dur pour la rouquine que de voir des personnes à qui elle tenait souffrir sans qu'elle ne puisse rien y faire.
Nadia avait elle été heureuse lors de son dernier voyage ? Avait elle retrouvé le sourire ? Répondait elle à cette fameuse question qu'elle évitait à chaque fois de son temps en Lyonnais Dauphiné : "Comment vas-tu ?", tout cela elle ne le saurait pas.

Cela faisait longtemps maintenant, mais elle continuait d'y penser, Nad était sa famille, sa famille d'avant le mariage, c'est à elle qu'elle se rattachait quand ça n'allait pas, elle se souvenait des bons moments passés en taverne, des fous rires et aussi du fameux fouet clouté, et du miel et des moutons...Elle rigola pour elle même, cela elle s'en souvenait comme si c'était hier.
Bon dieu qu'elle avait changé depuis cette époque.
Elle avait été au conseil ducal, et savait à présent pourquoi sa marraine n'aimait pas la politique, ça lui servirait de leçon tient ! Elle l'imaginait lui rire au nez et elle aurait eu bien raison.
Une chose n'avait pas changé en elle, les valeurs qu'elle pronait. Cela qui avait fait la fierté de sa marraine. Machinalement elle porta sa main à son cou et caressa doucement la petite pierre du pendentif, se rappellant de ce que lui avait dit Nad en lui remettant...

"Je regardais les étoiles un jour, de la butte tout près du ponton, à cette époque je me demandais si un jour je rencontrerai le bonheur.
Cette pierre est tombée à mes pieds, encore toute chaude."

Elle l'avait rencontré le bonheur, même bien avant que Nad lui offre ce cadeau...Mais depuis, la vie lui avait offert d'autres choses. Un enfant, Kylian, qui doucement aujourd'hui dormait contre elle...et ce petit être qui grandissait doucement dans son ventre. Un mari aimant qu'elle aimait elle aussi, une future filleule exceptionnelle et l'honneur de pouvoir servir la famille kennedy, l'honneur d'avoir presté allégeance à l'Etoile. Oui ça elle avait été heureuse, connue de nombreux bonheurs. Mais pas uniquement, des êtres chers étaient partis, avait rejoins Aristote alors qu'elle aurait du être la plus heureuse.

Etait-ce de là que venait sa mélancolie ? Certainement oui. Sa marraine lui manquait affreusement et elle ne pouvait rien y faire, seulement regarder les étoiles en ressassant ses souvenirs au bord d'une étendue d'eau. Dans ses moments là, ses yeux devenaient gris, est-ce qu'ainsi elle voyait les mêmes choses que sa marraine plusieurs mois auparavant ? Cela elle ne le savait pas.
Et puis pourquoi était elle partie ? Elle aurait du être là, là pour son mariage, là pour la naissance de Kylian, là pour la voir enceinte...
Lui en vouloir ? Non, ce n'était pas sa faute. La main qui était sur son collier se dirigea vers sa besace d'où elle sortit une lettre. Le papier avait vieilli, mais était bien conservé. Ald la déplia, révelant l'écriture légèrement tremblante mais familière de sa marraine, également des taches, des larmes qui jamais ne sécheraient. Elle lisait et relisait ces mots, les derniers mots qu'elle lui avait écrit, qui la qualifiait...

"Toi ma demoiselle, si posée, si pragmatique, ces petits moments où tu as su faire disparaitre mon coté sauvageonne, ces larmes que tu as réussi à extorquer à mes yeux...Merci, comme une bouffée d'air tu as su faire sourire une âme bien défraichie."

Posée, pragmatique, l'était elle encore ? Elle se sentait vieille, alors qu'elle était pourtant encore jeune. Elle se sentait fatiguée, lasse, alors qu'elle devait se sentir en pleine forme et enjouée. En fait il lui fallait exactement la même personne que celle qu'elle était elle-même, avant.
Elle soupira, les larmes coulaient à présent sur ses joues. Oui, cet endroit était le seul où elle pouvait encore craquer. Elle lut à nouveau les touts derniers mots de la lettre :

"Sur ces quelques mots je vous laisse, je serai là haut à vous veiller..."

Les étoiles...Elle se souvenait avoir senti sa présence, quelques fois, lors de son mariage par exemple. Bêtement, elle tendit la main qui tenait la lettre vers le ciel et tenta d'atteindre les étoiles, de refermer sa main sur sa marraine et de la ramener vers elle...Idiote, elle était idiote en prime, quelle idée de croire tout cela. Mais elle croyait en une chose : C'est en faisant persister les souvenirs et les vraies valeurs que Nadia continuerait à vivre dans son coeur.
Mais pour cela...Elle devait se reprendre, retrouver cette Ald, cette Ald d'avant qui avait disparu sous le chagrin qu'elle avait ressenti. Il fallait la faire renaitre.

Les étoiles...Elles mourraient chaque matin, alors que la lumière du soleil, tellement aveuglante, les empéchait de briller, et chaque soir alors que la lumière du soleil diminuait, elles ressucitaient, fidèles à elles-même, et brillaient à nouveau de la même manière que la veille. Ald devait faire pareil. A chaque coup dur, elle allait devoir se relever, et vivre, vivre encore avec la même énergie, la même envie de vivre pour que Nad elle aussi vive à travers elle. Faire persister les souvenirs et les valeurs, voilà ce qu'elle allait faire.

Elle rangea la lettre dans la besace, la referma précieusement et posa sa main sur la tête de son fils, profondément endormi, afin de caresser doucement ses cheveux. C'était lui, les valeurs qu'il fallait préserver, c'était eux qui allaient le faire, ses enfants. Ses trois petits...Sa fille, qui montrait déjà qu'elle était la digne de fille de sa mère, que tout le monde pouvait être fière d'elle. Son fils, qui bientôt allait devoir montrer que lui aussi était prêt à tout pour son Duché, qu'il suivait ses parents et leurs valeurs.
Sans réflechir, elle éclata de rire. Elle venait de se rendre compte que la relève était assurée ! Appolline, Indy, Kylian, et les futurs enfants qui arrivaient...Celui d'Antlia, le sien, ils allaient montrer ce qu'étaient les valeurs dauphinoises, les vraies !
Elle se sentit un peu plus elle-même, son fils dormait toujours, elle ne l'avait pas réveillé, une vraie marmotte. Sans rien dire, elle laissa ensuite la nuit défiler, sans bouger de sa colline, contemplant les étoiles, contemplant le futur, contemplant ceux qu'elle aime.

Tenshikuroi a écrit:Tôt le lendemain de son retour

Enfin, Tenshi avait retrouvé sa famille après un long moment passé loin d'eux. La veille vers midi, il avait rejoins Ald en taverne et il s'était tombé dans les bras après cet éloignement des plus douloureux. Tenshi avait rallié Montélimar pour repousser un groupe important de brigand qui avait choisi de s'en prendre à la cité du nougat. Aux coté de nombreux soldats, y compris desViennois, et mené par le Capitaine Pénélope de Barsac , il avait combattu des nuits durant et participé à la mise en déroute de deux armées ennemies. L'opération avait été une réussite totale, les brigands entièrement massacrés. Il avait cependant une pensée pour la seule victime au seins des forces du Duché.Balian ... le propre frère du Capitaine avait chèrement payé son courage. Il était aujourd'hui dans un état grave, entre la vie et la mort, sa femme, sa sœur et une des meilleures chirurgiennes del'ost à ses cotés.

La menace écartée, Tenshi avait repris le chemin de Vienne. Il était impatient, sa famille lui manquait. D'autant qu'il était parti sans crier gare. Au beau milieu de la nuit, avec une simple note laisser à l'intention de sa femme.Phelim semblait pressé. Ce qui ne devait être qu'une rapide escorte du Gouverneur s'est transformé en mission de guerre au sein de l'arméePraetoria...

Mais aujourd'hui il était là. Il observait sa femme dormir. Elle se reposait enfin après s'être tant inquiété pour lui. Il posa ses yeux remplis de tendresse sur son visage endormis. Qu'est-ce qu'il la trouvait belle. Ses cheveux roux en bataille sur son front dessinaient des formes étranges dont il était certain que des oracles ancestraux y verraient des signes. Ses paupières fermées ne lui permettaient pas de profiter de ses magnifiques yeux émeraudes mais peu importe, il n'avait pas besoin de les voir pour savoir...

Il eut ensuite une pensée émue pour la vie qu'elle portait en elle. Ils avaient déjà élevés Indy, la fille d'Ald que Tenshi avait tout de suite aimé, tout de suite considéré comme sa propre fille. Elle avait grandit et était devenu une femme aussi belle que sa mère aujourd'hui. Une femme forte dontTenshi et Ald étaient tellement fiers. Aristote leur avait ensuite donné un fils.. Kylian. Le bambin grandissait très vite et avait déjà fait ses premiers pas. Ald se plaisait à dire qu'il ressemblait à son père, le pauvre enfant, mais heureusement il avait les yeux de sa mère... tout n'était pas perdu pour lui. Il aurait d'ailleurs bientôt un petit frère ou une petite soeur.Ald, enceinte de près de 5 mois avait repris son caractère si.. particulier de femme enceinte. Mais Tenshi était on ne peut plus fou de joie à l'idée d'être père à nouveau.

Le sortant de sa contemplation.. un cri. Kylian. Tenshi accoure vers le petit lit et prend son fils dans ses bras. ll ne voulait pas que Ald se réveille. Elle avait besoin de dormir. Il câlina donc son fils le temps qu'il se calme puis lui glissa d'une voix douce...

Dis moi mon Kyli... il parait que tu marches maintenant. Pourquoi tu ne montrerais pas ça à papa hein ?

Le bout de choux avait les yeux encore embués mais affichait un sourire rayonnant d'être à nouveau dans les bras de son père. Il bredouilla un petit gazouillis queTenshi prit pour un oui. Il entreprit donc de l'habiller puis l'entraîna vers l'extérieur.

Sur une colline non-loin du Rhône, là où tout les souvenirs renaissent.

Arrivé sur la colinne, Tenshi posa son fils sur le sol. Les bras levés et tenu par les mains par son père ému, Kylian claudiquait doucement en essayant de trouver son équilibre. Tenshi souriait amusé et fini par lâcher les mains de son fils.

Le petit Kyli continua tranquillement de se dandiner en avant en rigolant. Devant la scène Tenshi ne pu s'empêcher de penser qu'il était aujourd'hui comblé. Pourtant ce n'était pas gagné au départ. Il avait fallu en abattre des murs avant queAld et lui puisse vivre une vie ensemble. Il avait même fallu quitter Montélimar pour la Belle cité. Il ne regrettait rien. Kylian, né Viennois , était le symbole de leur nouvelle vie. Aujourd'hui il éprouvait un amour sans limite pour cette femme qui lui avait donné tant de bonheur, et en avait encore tant à offrir.Tenshi était un soldat dans l'âme. Et comme tout bon soldat, il se batait pour défendre quelque chose. Pour lui c'était sa famille. Il mourrait plutôt que de voir un ennemis entrer ici, pervertir la cité, s'en prendre à ceux qu'il aime.

Lorsque le petit donna des signes de faiblesse Tenshi sorti de sa rêverie. Il n'eut pas le temps de le rattraper avant que Kylian tombe en arrière sur ses fesses. Il se hâta de reprendre son fils dans ses bras et fut content de voir qu'il souriait toujours autant et ne semblait pas sur le point de pleurer.

T'es bien mon fils toi. Courageux et qui ne pleure jamais !

Tenshi serra son fils contre lui et observa les terres environnantes. Le Rhône coulait tranquillement, indifférent à la turpitude des hommes. Les êtres vivaient et mourrait le long de son lit sans qu'il y prête attention. La force de ses courants était une véritable leçon d'humilité. Qui sommes nous face à tout ce qui nous entoure... tous nos conflits, nos questionnements, nos drames quotidiens... ils ne représentent rien pour lui. Il se contente de s'écouler, régulièrement, tranquillement. Si les anciens qui croyaient aux esprits de la nature avait raison, alors l'esprit du Rhône devait vraiment se moquer de nous.

Tenshi avait compris que pour vaincre cette futilité, il fallait vivre en profitant de chaque chose. Se fabriquer des souvenirs qui resteraient dans nos mémoires et se refuser à s'accrocher à des choses vaines, ces choses qui gâche la vie à petit feu alors qu'elle est déjà si courte. C'est pour ça qu'il était important de préserver ce coin de tranquillité. C'est pour ça qu'il était parti à Montélimar, pour empêcher ces armées félonnes de s'enfoncer plus loin et de briser l'harmonie qui régnait ici.

Tu vois mon fils.. autour de toi... c'est le Lyonnais-Dauphiné, en endroit qui regorge de bonheur. Ton papa essaye de faire en sorte que ce bonheur y reste, tout comme ta maman et maintenant ta grande sœur. Mon espoir c'est que ni toi, ni ton petit frère ou petite sœur à venir n'ai besoin de le faire...

Kylian l'observait de ses yeux verts avec une lueur toute pétillante. Évidemment, il ne comprenait pas un mot de ce que son père pouvait raconter. Mais le son de sa voix semblait l'amuser en tout cas... un autre gazouillis... et puis.. un papa vient flatter les oreilles de Tenshi...