[RP] Quand la folie prend le dessus...

Aldraien a écrit:Elle était sortie de taverne presque en courant, la rouquine, juste après que Heliorphee fut sorti avec sa suzeraine.
Dans une ruelle sombre, la plus sombre et la plus silencieuse qu’elle eut réussi à trouver, la belle prit appui sur le mur de ses deux mains, à plat contre la pierre froide et humide, courbée, visage face au sol, et avait rendu un mélange acre mêlé de peur et de haine contre elle-même.
Ce soir encore, elle n’avait rien pu faire pour Elle.
Ce soir encore, elle avait du demander l’aide de quelqu’un d’autre, sans pouvoir la réveiller. Elle avait crié son nom, l’avait conjuré de se réveiller…en vain.
Elle l’avait cru morte, elle avait cru que l’Etoile était réellement devenue un astre, ne respirait plus…C’était la peur qu’elle n’avait jamais eu si forte qui était venue lui prendre les tripes à cet instant, et les retourner.
Tlia morte, que serait il resté d’Ald. Ald qui était presque devenue l’ombre de l’Etoile, la Louve qui veillait jour et nuit sur elle quoi qu’il arrive, n’aurait simplement plus de but dans la vie. Morte en même temps qu’elle ? Certainement…
Si Aristote avait pris cette vie, c’était la sienne qu’il aurait anéanti dans le même temps. Pour cela, elle lui en voulait…de toute son âme elle le haïssait, elle le haïssait plus que n’importe quel ennemi…
Elle le haïssait comme un être qui ne mérite que les pires souffrances pour en avoir infligé à une personne qui comptait tant pour elle.

Alors son regard émeraude se lève en direction du ciel, le transperce de sa rage, poings crispés contre le mur qui ne lui avait rien demandé, elle parle à elle-même, et pourtant au monde entier.
Si jamais tu prends sa vie, comme tu as pris tant d’autres vies qui comptaient pour moi, je jure de te faire payer, tu entends ?!
JE TE LE FERAI PAYER !!
Regard qui se tourne à nouveau vers le sol, haletante, cherchant de l’air sans le trouver.
L’air ambiant était glacé dans ses poumons et ressortait bouillant dans une fumée qui tranchait net avec la noirceur des ténèbres de la nuit. Lumière ? Elle l’était parfois, lumière, quand elle marchait dans les pas de l’Etoile qui l’enveloppait de cette douce chaleur protectrice, de cette lumière diffuse et pure.

A cet instant, ce n’était pas lumière qu’elle était, malgré la chaleur qu’elle dégageait, non, elle n’était pas lumière, elle n’était pas pure.
Elle était feu, elle était flamme ardente qui brulait en elle et était dégagée par chaque endroit de sa peau.
La Louve, elle s’était bien réveillée, la Louve sauvage, flamboyante et dangereuse pour ceux qui lui veulent du mal, à Elle.
Son catalyseur, celle qui gardait vivant en elle cette douceur et ce calme qui la caractérisaient d’ordinaire, cet amour de sa famille, Appolline, ses enfants.
Dans sa tête, cette nuit, il n’y aurait pas tout cela, il n’y aurait pas de douceur, pas de calme ni d’amour pour la femme qui était devenue brasier. Il n’y aurait qu’haine, rage et colère contre cette putain de vie qui s’en prenait toujours à ceux qu’elle aimait par-dessus tout, sans qu’elle puisse agir en quoi que ce soit pour l’empêcher.
Était elle trop sure d’elle ? Souvent, mais elle savait reconnaitre quand quelque chose lui faisait défaut, elle avait travaillé dur pour tout cela, pour être en mesure de l’aider, Elle. Alors pourquoi ? Pourquoi Aristote ne l’aidait pas ?!
Pourquoi ne donnait il pas ce bonheur à une femme qui parmi toutes les autres le méritait tant ? Qui avait tant donné pour son duché, pour ses enfants, au détriment d’elle-même, pourquoi ?!

C’était à cause de cela qu’Elle était aujourd’hui inconsciente, qu’Ald s’inquiétait tant, qu’elle avait laissé la folie s’emparer d’elle après leur départ. Qu’à cet instant elle se retenait de hurler sa rage et sa haine au monde entier, que chacun puisse entendre l’avertissement de la Louve, que chacun sache ce qu’il arriverait si sa suzeraine ne se réveillait pas !
Ses poings étaient tellement crispés que ses ongles s’étaient enfoncés dans la paume de sa main, faisant couler de légers filets de sang le long de ses poignets.
Larmes de rage, larmes de feu, émeraudes assassinant le ciel de par la rancœur qui s’y trouvait, juste pour trouver quelqu’un, quelque chose sur qui déverser sa colère…juste pour se calmer.
Elle reprend le chemin de l’auberge, une silhouette rouge dans la nuit, lune à peine visible faisant briller la lame qu’elle avait sorti du fourreau, s’approchant d’un arbre non loin de la route, cri libérateur de sa folie alors que dans un sanglot elle fend l’arbre d’un coup plus puissant qu’aucun coup jamais donné par la rouquine, la lame s’enfonçant profondément dans les nœuds du vieux chêne qui n’y était bien sûr pour rien dans cette histoire, mais qui ce soir serait la victime, victime innocente et végétale, tandis que la victime aurait très bien pu être un homme qui aurait eu le malheur de la croiser dans cet état. Elle avait laissé l'épée derrière elle, contenant toute ces ressentiment, plantée dans l'arbre comme un rappel à la nature. Faites lui cela, je vous ferai ceci.
Entrant dans l’auberge, les pas lourds et les sanglots refoulés la mènent jusque devant la chambre où la nourrice et Tristan devaient dormir, elle la pousse doucement du pied et entre, se mettant assise non-loin du berceau du jeune enfant, trop petit lui encore pour connaitre la haine et la colère, la tristesse ou la rancœur. Et la nuit passa ainsi, lui à dormir paisiblement, elle a le regarder, vide de tout.